Soudan : des meurtres font craindre un nouveau génocide au Darfour

Soudan : des meurtres font craindre un nouveau génocide au Darfour

Le chef des paramilitaires a reconnu une « catastrophe » à El Fashir. Le général Mohamed Daglo a déclaré que « la guerre leur a été imposée », soulignant qu’il souhaite « l’unité du Soudan par la paix ou la guerre ».

La ville clé du Darfour, à l’ouest du pays, a été prise dimanche par les Forces de soutien rapide. C’est la dernière grande ville à échapper au contrôle des paramilitaires, après 18 mois de siège dans la région. Depuis lors, les informations faisant état d’exactions et de massacres de civils se sont multipliées, faisant craindre un nouveau génocide au Darfour.

Hager Ali, chercheur à l’Institut allemand d’études mondiales et régionales (GIGA), explique qu’« avec le retrait des forces armées du Soudan, de nombreux civils vont fuir », ce que les paramilitaires « tenteront probablement d’empêcher ».

« Ils ont un intérêt particulier à s’assurer que tout le monde sache que les Forces de soutien rapide contrôlent le Darfour et qu’elles s’en prendront aux civils. Ils veulent probablement aussi faire du Darfour un exemple, en particulier avec leurs ambitions politiques plus larges », explique Ali.

Le retrait des forces armées de la région répond à un autre objectif des paramilitaires : « faire symbolique pour chacun qu’il peut faire ce qu’il veut, sans craindre aucune conséquence, en essayant d’intimider et d’effrayer les civils pour qu’ils obéissent », ajoute le chercheur.

Selon le responsable de l’aide humanitaire du gouvernement pro-armée, « plus de 2 000 civils ont été tués lors de l’invasion d’Al-Fashir par les milices ».

« Politiques systématiques de génocide »

Ce mercredi (29h10), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de la mort de plus de 460 personnes lors d’une attaque contre un hôpital de la ville et de l’enlèvement de professionnels de la santé.

Dans une interview avec DW, Shayna Lewis, experte du Soudan, souligne que ce qui distingue les Forces de soutien rapide, c’est leur « politique systématique de génocide ».

« Cette destruction gratuite, le meurtre de patients et de professionnels de santé dans les hôpitaux sont leur modus operandi. Il ne s’agit pas d’un incident isolé. Ce n’est pas qu’ils soient plus brutaux que n’importe quelle autre force. C’est juste que les autres forces n’ont pas nécessairement cette intention derrière elles », explique-t-il.

Lewis rappelle que les Forces de soutien rapide « ont toujours été une force génocidaire, créée à l’origine par le régime d’Omar al-Bashir pour perpétrer le génocide de 2003 », et cette genèse perdure jusqu’à ce jour.

Les massacres actuels constituent la dernière escalade du conflit au Soudan, qui a éclaté en avril 2023. Depuis lors, le pays est ravagé par la guerre. Selon l’International Rescue Committee, le Soudan, riche en or et en pétrole, est devenu le théâtre de la plus grande crise humanitaire jamais enregistrée dans le monde.

Sur les 51 millions d’habitants, environ 14 millions ont été déplacés. La faim est répandue, tout comme le choléra et d’autres maladies. Les organismes internationaux estiment que jusqu’à 140 000 personnes ont été tuées.