Senegal - Goldabbau

Ruée vers l’or au Sénégal : Plus de richesse, mais à quel prix ?

L’extraction de l’or dans la région est pratiquée de manière artisanale par les agriculteurs et les villageois depuis de nombreuses décennies. Mais le secteur de l’exploitation aurifère au Sénégal s’est beaucoup développé depuis 2010. Les habitants ont abandonné l’agriculture pour transformer leurs terres en petites mines. Puis les immigrants sont arrivés en grand nombre.

Des sociétés étrangères ont ouvert des mines industrielles et semi-mécanisées. Une partie de la population locale a vu ses terres confisquées et son environnement pollué.

Un habitant qui n’a pas voulu donner son nom par crainte de représailles a déclaré à DW que son village avait perdu beaucoup de terres avec l’arrivée d’une entreprise chinoise.

« Notre village cultive, élève du bétail et extrait de l’or sur ces terres depuis près d’un siècle. Nous avons tout fait ici et la société chinoise est venue occuper l’espace », raconte-t-il.

La majeure partie de l’or quitte le Sénégal

Le dernier rapport de l’agence sénégalaise des statistiques indique que la production d’or s’est élevée à l’équivalent de 590 millions d’euros, sans compter les activités minières informelles. 90% du produit est acheté par les commerçants maliens et guinéens.

Des milliers de litres d’eaux usées, parfois pleines de produits chimiques comme le mercure, déversés par les sociétés minières contribuent à la pollution.

Résultat : les habitants des villages bordant la rivière Falémé ne peuvent plus utiliser l’eau pour leur bétail, leur culture maraîchère ou leur consommation personnelle.

Le mécontentement a déjà donné lieu à des manifestations qui ont entraîné la mort de deux personnes près de Khossanto.

La population se dit abandonnée

Mahamadi Danfakha, directeur de la radio communautaire Saraya, affirme que la population locale se sent abandonnée car, bien que la région soit riche en or, il n’y a aucun investissement dans les infrastructures de base.

« A part Saraya, pas un seul village n’a l’électricité. Il y a des endroits où il n’y a pas de réseau téléphonique et les gens s’en plaignent. C’est un désenchantement, les gens croient que le gouvernement peut résoudre les situations parce que ce sont des revendications très légitimes », dit-il.

Amadou Sega Keita, vice-président du conseil départemental de Kédougou, abonde dans le même sens et alerte sur le danger bien réel de cette situation.

« Les terroristes profitent des vulnérabilités. Si le chômage est trop élevé et que l’État est incapable de répondre aux besoins des jeunes, que ferez-vous si un terroriste doté de milliards de dollars a de l’argent pour ces jeunes ? », s’interrogent-ils.

Le Sénégal partage plus de 250 km de frontière poreuse et difficile à patrouiller avec le Mali, où une guerre fait rage depuis de nombreuses années entre les groupes jihadistes et les troupes gouvernementales.