Soldados russos no Mali (arquivo)

Pourquoi la Russie veut-elle une base navale au Soudan ?

Malik Agar, vice-président du conseil de transition soudanais, dominé par l'armée, n'a laissé aucun doute sur la position de son pays : oui, ils sont intéressés par un accord sur la construction d'un centre naval russe en mer Rouge, a-t-il déclaré au journal soudanais. Soudan Tribune début juin, en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF).

Mais quels avantages la Russie recherche-t-elle ? « Le Soudan est une autre pièce du puzzle, c'est-à-dire de la stratégie russe pour l'Afrique. Cet accès à la mer Rouge via la base militaire, par exemple, est une étape », commence par expliquer le politologue Hager Ali.

« L'ouverture de davantage de territoires au Soudan en est une autre, en particulier parmi les centres de commerce d'armes, qui sont très importants parmi les autres centres du groupe Wagner, et dont la Russie peut évidemment aussi bénéficier », ajoute-t-il.

Le Soudan et la Russie discutent depuis des années d’un accord à cet égard. Cependant, en raison de l'instabilité politique qui règne dans ce pays africain, le Parlement n'a pas encore réussi à ratifier un contrat.

Aujourd’hui, les pourparlers entre la Russie et le Soudan ont repris – et tout porte à croire qu’ils ont été couronnés de succès. En échange de la présence navale, la Russie devrait fournir un soutien militaire et sécuritaire à l’armée des Forces armées soudanaises (SAF).

La Russie diversifie son soutien

Le fait que Moscou soit parvenue à un accord avec les représentants de l’État soudanais témoigne d’un changement de direction important.

La Russie semble désormais vouloir diversifier son soutien au Soudan. Par ailleurs, Port-Soudan est situé en territoire contrôlé par l'armée. Si la Russie veut y établir une base navale, cela dépendra des négociations avec les Forces armées soudanaises (SAF).

Et dans ce sens, Hager Ali a déclaré à DW que la Russie a généralement de bonnes cartes dans les négociations. « Plus le conflit durera, plus les forces armées auront besoin d'armes (…) et pourront faire bon usage des armes russes. »

En raison de son implication dans la guerre syrienne aux côtés du dictateur Bachar al-Assad, la Russie dispose déjà d’une base navale à Tartous, dans le sud de la Syrie. Elle l'utilise déjà comme point de départ pour des livraisons logistiques en Afrique, par exemple en Libye, également déchirée par la guerre civile. La Libye, à son tour, sert de pont à Moscou pour les renforts et les approvisionnements vers les pays d’Afrique subsaharienne.

Mais le politologue Andreas Heinemann-Grüder explique que les objectifs russes ont également d’autres implications.

« Les Russes utilisent leur pouvoir pour créer le chaos dans plusieurs États africains, non seulement au Soudan, mais aussi pour soutenir les putschistes, comme au Mali, au Tchad, au Burkina Faso et au Niger », prévient-il.

« Dans ces pays, la coopération avec les putschistes ne contribue pas à la stabilisation, mais au contraire à l'intensification des conflits internes », a-t-il conclu.