"Nous nous concentrons sur la consolidation de la démocratie interne"

"Nous nous concentrons sur la consolidation de la démocratie interne"

La Commission Politique de la Résistance Nationale Mozambicaine (RENAMO) a décidé, vendredi (01.10), de tenir le Conseil National du parti le 16 octobre, dans la ville de Nampula. La décision a été prise lors d’une réunion tenue au bureau du président du parti à Maputo.

L’un des principaux points à l’ordre du jour sera la crise interne que traverse la RENAMO, marquée par des défis à la direction d’Ossufo Momade, président du parti, surtout après la défaite aux élections générales du 9 octobre 2024. D’anciens guérilleros ont exigé sa démission, menaçant de boycotter la réunion.

Selon Marcial Macome, porte-parole de la RENAMO, le Conseil national vise à consolider le fonctionnement démocratique du parti et à débattre de sujets tels que la situation politique et économique du pays, le dialogue national et la réforme du système politique.

La succession à la tête de la « perdrix » sera également l’un des enjeux sur la table.

DW Afrique : La RENAMO organisera le Conseil national plus tard ce mois-ci. Pourquoi seulement maintenant ?

Martial Macôme (MM) : Comme nous l’avons promis, notre statut prévoit la tenue du Conseil National. Nous avons toujours dit que nous le ferions lorsque les conditions seraient réunies. Nous avons donc programmé la réunion le 16 octobre, à Nampula, conformément aux statuts et au plan d’activité du parti.

Le parti a un programme, un plan de travail, et ce plan est en train d’être réalisé. C’est dans ce contexte que se déroule le Conseil National.

DW Afrique: Quels sujets seront abordés lors de cette réunion ?

MM : Comme l’ont déjà annoncé les membres de la Commission politique, une analyse de la situation politique du pays et du parti sera réalisée. Diverses questions liées à la vie interne de la RENAMO et à la situation nationale seront abordées.

La situation du dialogue national inclusif en cours dans le pays sera également discutée, ainsi que la situation économique nationale.

DW Afrique : Comment répondez-vous aux critiques selon lesquelles cette réunion serait inopportune, presque un an après les élections générales ?

MM : Cela dépend du point de vue de celui qui le dit. Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas les commentaires, mais plutôt les finalités qui nous guident.

Nous nous concentrons sur la consolidation de la démocratie interne et du fonctionnement des organes du parti. La question de l’imtemporanéité est une opinion, et les opinions sont relatives. Nous les respectons tous, car ils font partie du jeu démocratique.

DW Afrique : Mais certains disent que la RENAMO aurait dû tenir cette réunion juste après les élections, pour évaluer ce qui s’est bien passé ou ce qui n’a pas fonctionné. Pourquoi seulement maintenant ?

MM : Ces critiques se poseraient également si nous avions tenu la réunion juste après les élections. Encore une fois, ce sont des opinions. En tant qu’institution, nous ne commentons pas les opinions, mais agissons conformément à la fonctionnalité institutionnelle.

DW Afrique : Il y a d’anciens guérilleros qui menacent de boycotter le Conseil national. La RENAMO est-elle au courant ? Quelles mesures sont prises ?

MM : Il est important de clarifier certains points. La RENAMO a une association qui représente tous les ex-combattants, et c’est cette association qui s’est récemment réunie au Conseil National et a décidé d’avancer dans la tenue du Conseil National du parti, conformément aux statuts.

Certains de ceux qui se disent anciens guérilleros sont représentés dans cette association. Ils disposent d’un espace pour donner leur avis, et certains étaient même présents à la réunion. Les opinions individuelles ne représentent donc pas le parti dans son ensemble.

Chez RENAMO, nous travaillons avec des organismes et des institutions. L’institution prime sur toute personne. Il n’y aura pas de place pour des boycotts ou des entraves à la tenue du Conseil National.

DW Africa : Ces tentatives de sabotage sont-elles nouvelles ?

MM : Non. Depuis l’époque du défunt dirigeant de la RENAMO, il y a eu plusieurs tentatives de sabotage des conseils nationaux et des congrès à Nampula. Ce sont des forces connues qui tentent de rendre impossibles les cérémonies internes du parti.

Il y a déjà eu des tentatives de sabotage au Conseil National tenu à l’Hôtel Glória, l’année dernière, ainsi qu’au Congrès d’Alto Molócué. Nous ne sommes pas surpris qu’un autre groupe tente d’imposer un programme différent de celui que le parti entend réaliser.

DW Afrique : Dans ce Conseil National, Ossufo Momade pourrait-il se mettre à la disposition du parti pour qu’il puisse évaluer s’il continue à mériter la confiance des membres en tant que président ?

MM : Il s’agit d’une question personnelle et il appartient au président du parti d’analyser et d’émettre un avis sur cette question. En tant que porte-parole, il ne m’appartient pas de formuler une position ou une opinion à ce sujet pour le moment.

DW Afrique : Concernant le dialogue national inclusif, quelle est la position de la RENAMO ? Quelles réformes sont proposées ?

MM : Depuis les dernières élections, la RENAMO a défendu la nécessité d’une révision spécifique de la Constitution, à savoir la réduction des pouvoirs excessifs du Président de la République.

Nous proposons que certains pouvoirs soient retirés au Président, comme celui de nommer les juges, les recteurs et les présidents de tribunaux. Nous défendons que les magistrats doivent élire leurs représentants parmi eux, sans ingérence politique, pour garantir l’indépendance du système judiciaire.

Nous défendons également une séparation claire entre les pouvoirs exécutif et législatif.

DW Afrique : Pouvez-vous donner des exemples concrets de ces pouvoirs que vous comptez retirer au Président de la République ?

MM : Bien sûr. Par exemple, le Président de la République nomme les juges consultatifs et les présidents de tribunaux. Nous soutenons que ces nominations devraient être faites par les tribunaux eux-mêmes, sans ingérence présidentielle.

Un autre point important est le fait que le Président de la République continue d’être président du parti. Nous voulons entendre l’opinion de la société sur la question de savoir si ce modèle est approprié ou s’il compromet l’indépendance des institutions.