Le M23 occupe des villes de l'est de la République démocratique du Congo

Le M23 occupe des villes de l’est de la République démocratique du Congo

Le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) s’est intensifié ces derniers jours, entraînant des déplacements massifs et soulevant de graves inquiétudes quant à la situation humanitaire dans la province du Nord-Kivu en particulier.

Les rebelles du M23 ont pris les villes de Kanyabayonga et Kirumba entre le 28 et le 29 juin. Les attaques ont provoqué le déplacement de milliers de personnes.

Les habitants de Kirumba, comme Tsongo Augustin, affirment que de plus en plus de personnes sont contraintes de quitter la zone, qui a accueilli des personnes déplacées par le conflit.

« Kirumba est progressivement abandonnée par la population et la situation humanitaire est donc très compliquée. Cette zone a accueilli de nombreuses familles déplacées de Rutshuru, qui fuient à nouveau », rapporte Augustin.

Wema Kennedy, un autre habitant de Kirumba, s’interroge sur la passivité du gouvernement dans la récupération des villes occupées par le M23.

« Nous ne voyons pas les efforts du gouvernement congolais. Bunagana, par exemple, est sous le contrôle du M23 depuis environ deux ans, et beaucoup craignent qu’il ne soit pas facile pour le gouvernement de reprendre le contrôle de Kirumba. pourquoi les gens sont frustrés », dit-il.

Importance stratégique de la région

Kirumba est la plus grande agglomération du territoire de Lubero, avec une population de plus de 120 000 habitants.

Kanyabayonga abrite plus de 60 000 habitants, mais des dizaines de milliers de personnes y ont fui ces derniers mois, chassées de chez elles par l’avancée des rebelles.

Ces deux villes sont « stratégiques » pour stopper l’avancée des rebelles dans la région nord du pays, estime Adolphe Agenonga, professeur à l’Université de Kisangani.

La performance de l’armée congolaise est remise en question compte tenu de l’escalade des attaques des rebelles dans l’est du pays.

Augustin Muhesi, professeur de sciences politiques, souligne la nécessité de réévaluer la stratégie de l’armée : « Cela pourrait être lié au moral des soldats. Beaucoup se battent depuis longtemps sans répit ».

Crise humanitaire croissante

La prise de Kanyabayonga et de Kirumba a déclenché une nouvelle vague de déplacements massifs, aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse. « La question que l’on se pose, c’est où iront toutes ces familles déplacées ? », demande Augustin Muhesi.

Une récente attaque contre un convoi dans la province du Nord-Kivu a encore aggravé la situation sécuritaire et la crise humanitaire dans la région – et au-delà. Deux soldats sud-africains ont été tués lors de cette récente attaque et deux travailleurs humanitaires sont toujours portés disparus.

La communauté internationale et l’Union africaine (UA) restent silencieuses face à ces derniers développements. Pour Adolphe Agenonga, cela est dû à une divergence d’intérêts et d’approches. « La communauté internationale et l’UA défendent le dialogue entre les parties impliquées dans ce conflit, mais le gouvernement de Kinshasa le rejette », dit-il.

Le Conseil norvégien pour les réfugiés met en garde contre la gravité de la crise humanitaire en RDC. Eric Batonon appelle à des mesures urgentes. « Il est important que la communauté internationale et tous les dirigeants du monde s’unissent pour tenter de trouver une solution à ce conflit », souligne-t-il.

En réponse aux avancées du M23, le président congolais, Félix Tshisekedi, a convoqué une réunion du Conseil de défense et a réaffirmé à la nation son engagement à préserver l’intégrité territoriale du pays.