L'Angola au Conseil de l'ONU: le gouvernement entre le marteau et l'enclume

L’Angola au Conseil de l’ONU: le gouvernement entre le marteau et l’enclume

L’Angola a été élu mardi (14h10) membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour la période 2026-2028 – par coïncidence, la période électorale en Angola. Ce choix a surpris la société civile locale, qui y voit une « absurdité déraisonnable », le pays étant loin d’être un exemple en la matière, estime le militant et directeur de l’ONG Omunga.

Concernant une éventuelle poussée vers des améliorations avec le nouveau poste de responsabilité, João Malavindele affirme que « les espoirs sont très lointains » et considère l’élection comme une arme à double tranchant : « Une manière de persuader l’État d’assumer plus de responsabilités, mais aussi une manière de cacher les coupables ».

C’est la quatrième fois que le pays rejoint l’organisme.

DW Afrique : Cette élection vous choque-t-elle ?

João Malavindele (JM): En fait, j’ai été surpris par cette élection. Face à notre réalité, la question des droits de l’homme a tendance à s’aggraver de plus en plus, avec des situations flagrantes en matière de droits de l’homme. Donc, cette élection m’a surpris, c’est-à-dire qu’on a compris ici que la diplomatie est au-dessus de la souffrance des citoyens, des peuples. Je pense que nous, en tant qu’organisation de la société civile, avons déposé des plaintes et attiré l’attention des organismes internationaux, mais nous restons néanmoins surpris.

DW Afrique : Les élections ont lieu précisément à un moment où, comme vous l’avez dit, les droits de l’homme sont dégradés en Angola, avec des assassinats injustifiés commis par la police et même des cas de violence excessive et d’arrestations arbitraires. Est-ce absurde ?

J.M.: Je pense que c’est une absurdité déraisonnable. Je ne sais pas quels critères sont utilisés au niveau de ce mécanisme de l’Union des Nations Unies pour que l’État soit, pour ainsi dire, qualifié pour occuper une telle position. Je pense que l’Angola, pour le moment, n’est pas un bon exemple en matière de droits de l’homme. Il suffit de regarder par exemple ce qui s’est passé il y a deux ou trois mois : des répressions extrajudiciaires, des arrestations arbitraires, nous avons encore des prisonniers politiques, une question de conscience. Je pense donc que c’est de plus en plus douteux. En d’autres termes, les questions politiques sont toujours au-dessus de tout. Je ne pense pas que ça devrait être comme ça.

DW Afrique : Il émet, par exemple, l’hypothèse qu’il s’agit précisément d’un choix avec des objectifs positifs — par exemple, transformer un pays qui tergiverse en matière de droits de l’homme en une référence, aidant ainsi l’Angola à s’améliorer dans ce domaine. Ce choix, à votre avis, sert-il précisément à garantir que l’Angola s’adapte aux principes des droits de l’homme ?

JM : C’est une arme à double tranchant. Juste pour faire un parallèle : par exemple, le président de la République est, à l’heure actuelle, aussi le président de l’Union africaine. Mais ce n’est pas pour cela que la question des droits de l’homme s’améliore. Cela pourrait donc être une manière de persuader l’État d’assumer davantage de responsabilités en matière de droits de l’homme. Mais cela peut aussi être un moyen de se cacher, de perpétuer les auteurs de violations des droits de l’homme. Même si nous, en tant qu’organisation de la société civile, sommes en mesure de… Autrement dit, pour nous, c’est un autre antidote que de pouvoir exercer toujours plus de pression sur notre État lorsqu’il se trouve dans une situation de violations des droits de l’homme, en raison de son irresponsabilité au niveau international.

DW Afrique : Avec cette élection, l’espoir renaît-il ou naît-il en termes de droits humains pour les Angolais ?

J.M.: L’espoir, l’espoir en tant que tel, je ne pense pas que nous puissions… C’est très lointain, vu ce qui est aussi notre matrice, la façon dont nous sommes gouvernés.

DW Afrique : Les tensions sociopolitiques augmentent en Angola à l’approche des élections. La position de l’Angola au sein de ce Conseil défiera-t-elle l’Exécutif lorsqu’il pèsera la main dans d’éventuels contextes de crise électorale ?

JM : Cela peut être une défense pour nous, car, s’il y a des troubles, des situations, des bouleversements, je pense que le Gouvernement réfléchira à ses actions, notamment dans ses relations avec les citoyens. Sachant que maintenant, par exemple, il occupe cette position qui implique le soulagement des relations diplomatiques, il ne donnera pas, par exemple, des crédits à d’autres personnes, comme nous l’avons vu récemment, empêchant les citoyens de s’exprimer. Ainsi, toutes ces questions seront peut-être maintenant examinées.