"La RENAMO doit s'organiser"

"La RENAMO doit s’organiser"

La Résistance nationale mozambicaine (RENAMO) propose d’analyser les dossiers « controversés » lors du Conseil national de ce jeudi, dans la province de Nampula. Les critiques à l’égard de la direction du parti se multiplient, après que la RENAMO soit passée de la deuxième à la troisième force politique du Mozambique lors des dernières élections.

Le président du parti, Ossufo Momade, affirme que la marée de personnes qui l’ont accueilli à Nampula, à la veille du Conseil national, est un signe que la RENAMO reste forte. Il a néanmoins laissé un message à ses détracteurs : « Au prochain congrès, je ne me présenterai pas », a déclaré Momade.

Pour l’analyste André Mulungo, du Centre pour la démocratie et les droits de l’homme (CDD), le départ d’Ossufo Momade devrait intervenir maintenant.

DW Afrique : Comment interpréter les propos d’Ossufo Momade selon lesquels il ne se présentera pas au prochain congrès ?

André Mulungo (AM): S’il dit qu’il ne se présentera pas, cela signifie qu’il doit avoir un plan pour continuer à diriger la RENAMO. C’est un droit dont dispose Ossufo Momade, étant donné qu’il a été élu par le congrès, mais il doit tenir compte d’un aspect fondamental : le fait qu’il est contesté et que ce défi a un impact négatif sur la RENAMO. Cela conduit à la division du parti et à la destruction de son image.

Ossufo Momade pourrait donc s’inspirer de l’exemple de Pedro Nuno Santos, l’ancien leader du Parti socialiste portugais, qui, après avoir perdu les élections, a rendu ce poste disponible.

DW Afrique : On parle depuis de nombreuses années de la nécessité d’une réforme au sein de la RENAMO. Selon vous, que faut-il faire ? Et comment le parti devrait-il agir compte tenu du poids de Venâncio Mondlane ?

SUIS: La RENAMO doit s’organiser et se restructurer.

Une partie considérable de la base de soutien de Venâncio Mondlane est composée de personnes qui étaient membres de la RENAMO. Lorsque Venâncio Mondlane s’est brouillé avec la direction d’Ossufo Momade et a quitté le parti, il a emmené beaucoup de monde avec lui. Mais j’oserais dire que ce n’est pas parce que ces gens ne veulent pas de la RENAMO – ils sont partis parce qu’ils n’étaient pas satisfaits du leadership d’Ossufo Momade.

Le problème ne vient donc pas de la RENAMO, mais en tant que parti, le problème réside dans la direction de la RENAMO.

La RENAMO doit comprendre que le contexte et le moment sont différents. Il doit comprendre qu’il a besoin de se restructurer et qu’il a besoin d’un leadership qui communique, ainsi que d’un leadership jeune, pour répondre aux défis actuels du pays. Et l’une des choses importantes à faire est de retirer Ossufo Momade de la direction. Il a lui-même dû le comprendre et abandonner la RENAMO pour laisser place à cette restructuration.

DW Africa : À quoi ressemblerait cette restructuration ?

SUIS: Premièrement, Ossufo Momade doit quitter la direction de la RENAMO. Il existe ensuite une opportunité pour la RENAMO – qui a toujours été un parti dominé par l’aile militaire – de devenir un parti politique normal. Cette aile militaire n’existe plus, parce que les gens ont été démobilisés et n’ont plus d’armes. Il est donc temps d’avoir un véritable parti politique, dans le contexte d’une démocratie normale. Et il est temps de faire place à des personnes plus fraîches, plus jeunes, plus compétentes et plus communicatives.

DW Afrique : Et les gens qui écoutent l’électorat ?

SUIS: Exactement, car les partis ne sont pas composés de dirigeants. Le leadership est important, mais les partis sont créés par leurs membres. S’ils ne sont pas entendus, l’électorat est perdu. Et ce qui se passe à la RENAMO, c’est ceci : la RENAMO pense que le parti est Ossufo Momade ou que c’est cette RENAMO qui a lutté pour la démocratie et a mis en alerte à plusieurs reprises le Front de libération du Mozambique (FRELIMO).

Non, la RENAMO est la RENAMO parce qu’elle avait le personnel. Le FRELIMO était ce qu’il était dans le contexte de la lutte de libération parce que le FRELIMO avait le peuple. La RENAMO était une menace pour le FRELIMO parce que les gens étaient avec la RENAMO. Et, en ce moment, la population n’est pas satisfaite du leadership de la RENAMO.

DW Africa : Alors, qu’attendre du Conseil national de ce jeudi ?

SUIS: Je pense que la RENAMO doit s’asseoir, regarder sa santé de manière réaliste, comprendre qu’elle ne va pas bien, qu’elle est divisée et qu’elle perd de l’espace sur la scène politique mozambicaine et qu’elle a besoin de faire des réformes. Les gens qui vont au Conseil national doivent pouvoir parler à Ossufo Momade et lui montrer cela, car il ne comprend peut-être pas.