L’Afrique du Sud a décidé de retirer ses diplomates en Israël en signe de mécontentement face aux commentaires désobligeants de l’ambassadeur israélien à l’égard de ceux qui s’opposent à la contre-offensive.
Suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre, la réponse d’Israël dans la bande de Gaza a entraîné la mort de plus de 10 000 Palestiniens.
Dans une interview accordée à DW, Fredson Guilengue, analyste politique international vivant en Afrique du Sud, estime que la position sud-africaine se pose en solidarité avec le peuple palestinien, en tenant compte du passé historique de l’Afrique du Sud.
Guilengue comprend également que l’opinion de Pretoria peut symboliser l’opinion de l’Afrique sur ce conflit et « l’opinion des autres États africains qui ne peuvent pas s’exprimer ».
DW Afrique a entendu l’analyste mozambicain des relations internationales basé en Afrique du Sud.
DW Afrique : Comment évaluez-vous la décision de l’Afrique du Sud de retirer ses diplomates d’Israël « pour des consultations » ? Quel impact cela aura-t-il ?
Fredson Guilengue (FG) : En termes d’actes diplomatiques, la vision sud-africaine constitue une action sans précédent. C’est la première fois que l’Afrique du Sud prend la décision de retirer tout le personnel diplomatique d’un pays où existent des frictions dues à un conflit spécifique. Généralement, ce qui est fait, d’un point de vue diplomatique, c’est de révoquer l’ambassadeur. Maintenant, qu’est-ce que cela signifie? Pour l’Afrique du Sud, cela signifie que tout cela est un acte normal, mais pour d’autres, cela peut être compris comme un acte de représailles contre ce que fait Israël en Palestine.
Il y a aussi un autre aspect à cela : l’Afrique du Sud est un pays qui a une très longue histoire de décolonisation, de lutte contre l’oppression, et où il existe des courants très forts au sein du Congrès national africain (ANC) contre l’occupation israélienne du Palestine et cela vient de l’histoire de l’Afrique du Sud elle-même.
DW Afrique : Cette décision est-elle une sorte de solidarité avec la Palestine ?
(FG) : De toute évidence, c’est une position de soutien à l’égard de la Palestine qui résulte de la propre histoire de l’Afrique du Sud et qui est liée à la aparté et la colonisation.
DW Afrique : L’Afrique du Sud étant l’une des grandes puissances africaines, quels impacts cette décision pourrait-elle avoir sur le continent ?
(FG) : L’Afrique du Sud peut symboliser en ce moment l’opinion de l’Afrique et l’opinion des autres pays africains qui ne peuvent pas s’exprimer.
Il faut savoir comment considérer la force israélienne. Israël, en raison de ses relations étroites avec l’Occident et notamment avec les États-Unis, est un pays très fort et de nombreux pays africains ne souhaitent probablement pas avoir de problèmes avec Israël.
DW Afrique : L’Union africaine et la Ligue arabe ont mis en garde contre le risque d’un « génocide sans précédent » dans la bande de Gaza et ont appelé à un cessez-le-feu. L’Afrique essaie-t-elle d’exprimer sa solidarité avec les Palestiniens ?
(FG) : Nous ne disons peut-être pas toute l’Afrique, mais il existe même des signes mondiaux. L’opinion d’António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, est que nous pourrions être confrontés à des meurtres de femmes et d’enfants en Palestine.
Par conséquent, je pense que d’une certaine manière, nous devons prendre en compte le fait que le Hamas est effectivement un mouvement terroriste, c’est vrai, mais nous devons également être prudents quant au fait que la réponse d’Israël pourrait être supérieure à l’action du Hamas.
C’est pourquoi certains pays, y compris les Nations Unies, critiquent la façon dont Israël réagit, car le peuple palestinien tout entier ne peut pas avoir à payer le prix de ce qu’a fait le Hamas.