Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré aux journalistes lors d’une visite au Qatar la semaine dernière que l’Afrique du Sud avait demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter pour savoir si des « crimes de guerre » étaient commis à Gaza.
Pour Ramaphosa, les crimes présumés se produisent « en temps réel ». Le chef de l’Etat sud-africain a cité, à titre d’exemple, les affrontements dans la zone du plus grand centre hospitalier de Gaza, l’hôpital Al-Shifa.
Israël a affirmé que le Hamas disposait d’un centre de commandement sous l’hôpital, une accusation que le groupe islamiste nie. Pourtant, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré avoir trouvé des armes, du matériel de combat et du matériel technologique lors d’un raid sur l’installation.
Le ministère de la Santé, contrôlé par le Hamas, nie la présence d’armes dans l’hôpital.
La position des partis politiques sud-africains
Le parti d’opposition Economic Freedom Fighters (EFF) a proposé jeudi dernier (16h11) une motion parlementaire visant à fermer l’ambassade israélienne en Afrique du Sud et à suspendre les relations diplomatiques.
« Au nom de nos propres valeurs constitutionnelles, nous devons mettre fin à ces relations diplomatiques jusqu’à ce que les droits humains des Palestiniens soient respectés, promus et protégés », a déclaré le leader de l’EFF, Julius Malema.
Malema a ajouté qu’« Israël doit se conformer au droit international et, en attendant, toute relation avec le pays doit être considérée comme une infraction » à la Constitution sud-africaine.
Le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a approuvé la motion, qui devrait bientôt être soumise au vote du Parlement.
« Compte tenu des atrocités actuelles en Palestine occupée, l’ANC est d’accord avec la motion parlementaire appelant le gouvernement à fermer l’ambassade israélienne en Afrique du Sud et à suspendre toutes les relations diplomatiques avec Israël jusqu’à ce qu’Israël accepte un cessez-le-feu », a indiqué le porte-parole de l’ANC. Mahlengi Bhengu, dans un communiqué.
Cependant, Corne Mulder, du parti nationaliste Freedom Front Plus (FF+), s’est opposé à cette mesure en affirmant que « l’Afrique du Sud ne sera pas en mesure de jouer un quelconque rôle de médiation ».
« La vérité est que si nous expulsons l’ambassadeur d’Israël et rompons toutes les relations diplomatiques avec le pays, l’Afrique du Sud ne sera pas en mesure de jouer un quelconque rôle de médiation ou d’essayer de jouer un rôle positif et constructif pour mettre fin à ce conflit », » dit Mulder.
Des organisations pro-israéliennes critiquent le gouvernement sud-africain
Benji Shulman, directeur des politiques publiques à la Fédération sioniste d’Afrique du Sud, a mis le gouvernement au défi de cesser d’interférer avec le droit d’Israël à se défendre.
« La Fédération sioniste d’Afrique du Sud estime qu’Israël doit continuer à se défendre contre les organisations extrémistes telles que le Hamas, conformément au droit international, contre ceux qui ont tué des femmes, des enfants et des survivants de l’Holocauste et ont également pris 240 otages de diverses nationalités », a déclaré Shulman.
Mais l’analyste politique Kwandile Kondlo partage la position de l’ANC : « Si la CPI ne peut pas se lever et agir, nous n’avons aucune raison de croire en cette institution. »
« Je ne comprends pas les raisons pour lesquelles l’Afrique du Sud continue à être membre de ce groupe particulier. C’est le moment pour la CPI d’essayer d’être une véritable institution, une institution internationale de justice », a ajouté Kondlo.
Deux poids, deux mesures
Plusieurs observateurs ont accusé l’Afrique du Sud de faire preuve de deux poids, deux mesures en ce qui concerne son point de vue sur la Cour pénale internationale.
En août dernier, le pays était réticent à exécuter un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine s’il participait au sommet des BRICS en Afrique du Sud.
Des arguments similaires ont surgi en 2015, lorsque l’Afrique du Sud n’a pas arrêté l’ancien président soudanais Omar Al Bashir, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI, alors qu’il participait au sommet de l’Union africaine à Johannesburg.