Cabo Delgado : les attaques persistent malgré l'optimisme

Cabo Delgado : les attaques persistent malgré l’optimisme

Vingt-quatre heures après que le président du Mozambique, Daniel Chapo, a assuré, à Genève (Suisse), qu’il n’y avait aucun village sous contrôle des insurgés à Cabo Delgado et souligné « des améliorations relatives de la situation », une nouvelle attaque a ébranlé la province.

Les insurgés ont tendu une embuscade à une escorte militaire protégeant des civils sur la route nationale 380, causant la mort de soldats des Forces armées de défense du Mozambique.

Le même jour, mardi (21h10), le « Rapport sur la liberté religieuse » a été publié. dans le monde 2025″, de l’organisation catholique internationale Aide à l’Église en Détresse, qui dénonce une nouvelle hausse des violences « jihadistes » dans le nord du Mozambique.

Selon l’étude, plus de 5 000 personnes ont été tuées et plus d’un million déplacées au cours des cinq dernières années à cause du conflit à Cabo Delgado. Les rapports quotidiens continuent de faire état d’attaques fréquentes, marquées par des décapitations et d’autres formes de violence extrême.

Pour mieux comprendre l’évolution de la situation, DW Afrique a interviewé le journaliste Fernando Lima, qui suit sur le terrain les attaques dans le nord du pays.

DW Afrique : Des terroristes ont attaqué une colonne militaire, 24 heures après que le PR a assuré qu’aucune partie du territoire n’était aux mains des insurgés. Y a-t-il une contradiction ?

Fernando Lima (FL): Je ne sais pas s’il y a une contradiction, car le fait qu’il y ait une embuscade ne veut pas dire que l’embuscade est le résultat d’une action en territoire contrôlé par les djihadistes. Ainsi, il y a effectivement des actions militaires dans une vaste zone d’opérations dans toute la province de Cabo Delgado, avec un accent particulier sur les districts nord de Cabo Delgado, mais cela ne signifie pas qu’il existe des zones sous contrôle djihadiste.

Mais il est difficile d’avoir ces zones de contrôle, car cela permettrait également des attaques féroces contre ces zones. Il existe donc en effet une grande mobilité des forces djihadistes, qui ont attaqué dans de nombreux districts et en de nombreux endroits de la province de Cabo Delgado, y compris récemment dans la province de Nampula, plus précisément dans le district de Memba.

Il y a clairement une augmentation des actions, et non pas tant des actions contre les forces militaires, comme ce fut le cas avec l’embuscade d’un jeep de la police, mais surtout contre des villages, des habitations et des attaques contre des civils.

DW Afrique : La propagation de l’insurrection échappe-t-elle au contrôle des autorités ? Était-il possible de contrôler la propagation ?

FL : Je ne pense pas que ce soit le cas. Il y a eu une attaque dans une région qui fournit habituellement de nombreux militants de la cause islamique, mais au moment où cette colonne se dirigeait vers Pemba, elle a fini par se replier vers la province de Cabo Delgado.

Par conséquent, l’indication qui existe est que l’intention n’était pas en réalité d’étendre les actions djihadistes au nord de la province de Nampula, mais de mener cette attaque spécifique – puisqu’au début de l’année il y a eu également une attaque dans la province de Niassa, qui s’est terminée une semaine plus tard. Dans ces deux situations, il y a eu une réaction de la part des forces gouvernementales.

DW Afrique: Vous avez parlé de la cause islamique et un rapport publié par l’organisation catholique internationale Aide à l’Église en Détresse conclut que « le Mozambique a connu une nouvelle augmentation de la violence ‘jihadiste’ à Cabo Delgado ». Parlons-nous d’une insurrection à causes sociales ou religieuses ?

FL : En termes d’origines, il s’agit d’un mélange de causes – à la fois sociales, à savoir la pauvreté et le manque d’emploi, mais aussi une motivation religieuse, car ce message religieux est transmis à tout moment.

Par exemple, hier encore, dans un quartier non loin de la ville de Pemba, deux personnes ont été décapitées parce qu’elles préparaient des boissons alcoolisées à base de canne à sucre.

Or, il s’agit clairement d’une punition en vertu de la charia (loi islamique), car il s’agit clairement d’une guerre de religion. Il ne semble pas qu’une croisade islamique soit en jeu, par exemple, car de nombreux autres aspects sont explorés. Il est difficile de déterminer que nous sommes face à une croisade islamique.