Affaire Elvino Dias : "Il est possible de faire plus et d'être plus rapide"

Affaire Elvino Dias : "Il est possible de faire plus et d’être plus rapide"

L’Association du Barreau du Mozambique (OAM) a organisé aujourd’hui une réunion sur les lieux du meurtre, suivie d’un débat à la mémoire d’Elvino Dias.

Il y a un an, « l’avocat du peuple » a été assassiné dans une embuscade au cours de laquelle Paulo Guambe, alors leader du parti Povo Optimista para o Desenvolvimento de Moçambique (PODEMOS), a également été tué.

Pour le président de l’OAM, l’assassinat d’Elvino Dias est aussi « une atteinte aux prérogatives des avocats ».

Dans une interview avec DW, Carlos Martins commence par appeler la justice mozambicaine à accélérer l’enquête sur le crime.

DW Afrique : Quel est l’objectif de cet hommage, un an après le double homicide qui a coûté la vie à l’avocat Elvino Dias et également à celui qui était alors président de Podemos, Paulo Guambe ?

Carlos Martins (CM): L’objectif est d’alerter les autorités que ce crime doit être élucidé, et l’Ordre des Avocats s’engage à cette clarification, il a agi comme assistant dans le processus lui-même et surveillera la découverte de la vérité jusqu’aux conséquences finales.

DW Africa : En quoi consistait cet hommage ?

CM : En plus de l’hommage sur place, nous avons décidé de tenir une table ronde pour discuter, dans tous les conseils provinciaux du Barreau, de ce que nous pouvons suggérer en révisant les statuts pour accroître nos prérogatives et même avoir l’immunité. Ce n’est pas un privilège, c’est plutôt une exigence de la profession elle-même.

DW Afrique : À quel stade étaient attendues les enquêtes sur cet homicide ?

CM : En fait, un an plus tard, nous nous attendions à ce que les auteurs moraux et matériels soient déjà identifiés, que le ministère public lui-même dispose déjà d’un acte d’accusation et que l’affaire soit prête à être jugée.

DW Africa: Toutefois, il n’y a même aucune indication sur les noms des suspects. Que manque-t-il aux autorités mozambicaines pour avancer dans la clarification de ce crime ?

CM : Les informations dont nous disposons indiquent que le crime fait l’objet d’une enquête. Mais nous comprenons qu’il doit y avoir un plus grand engagement. Il y a des images captées par les caméras des banques à proximité, il y a des véhicules qui ont été filmés. On comprend qu’il est possible de faire plus, oui, et plus vite, car plus le temps passe, moins l’intérêt d’une clarification (il peut y en avoir) est important. Il est donc nécessaire que nous luttions pour que ce crime soit résolu dans les plus brefs délais.

DW Afrique : Comment l’OAM a-t-elle suivi les enquêtes ?

CM : Le processus est en phase d’enquête, qui est une phase secrète. Ce que nous faisons dans le processus, c’est un contrôle pour vérifier les mesures, si les délais sont respectés, si les mesures de police sont appliquées. Nous avons fait tout cela, mais le processus doit quitter ce stade.

DW Afrique : Quelle était la motivation derrière l’assassinat d’Elvino Dias ?

CM : Il a été tué dans l’exercice de sa profession, alors qu’il suivait plusieurs démarches. C’était la motivation.

DW Afrique : Quel sentiment prévaut parmi les avocats mozambicains ? Se sentent-ils en sécurité pour exercer leur profession ou craignent-ils pour leur vie ?

CM : En général, oui, ils se sentent en sécurité, car nous devons comprendre que tous les processus ne présentent pas de danger. Il existe des processus qui, de par leur nature même et les intérêts en jeu – les processus de blanchiment d’argent, d’enlèvements, de terrorisme – sont les plus complexes – mais d’autres types de processus ne le sont pas.

DW Afrique : L’Association du Barreau du Mozambique appelle les tribunaux à faire preuve de davantage de souplesse dans l’enquête sur cette affaire. Quelle réaction attendez-vous ?

CM : Nous espérons que l’équipe chargée de ce processus sera redoublée, que ce processus suscitera une plus grande préoccupation, qu’il y aura des enquêteurs et des procureurs dévoués et que ce processus ne sera pas oublié.