Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, se sont emparés d’une ville stratégique dans l’est instable de la République démocratique du Congo, a déclaré samedi à l’AFP un responsable local.
« Kanyabayonga est aux mains du M23 depuis vendredi soir », a déclaré le responsable administratif sous couvert d’anonymat.
Kanyabayonga est située sur le front nord du conflit dans la province du Nord-Kivu, secouée par des violences depuis 2021, lorsque le M23 (Mouvement du 23 mars) a repris sa campagne armée dans la région. La ville est considérée comme une voie d’accès aux grands centres commerciaux de Butembo et Beni, au nord.
Kanyabayonga abrite plus de 60 000 personnes, ainsi que des dizaines de milliers de personnes qui y ont fui ces derniers mois, chassées de chez elles par l’avancée des rebelles.
La ville est située sur le territoire de Lubero, le quatrième territoire de la province du Nord-Kivu où le groupe est entré, après Rutshuru, Nyiragongo et Masisi.
« La population est là (à Kanyabayonga), en particulier celle qui a quitté le territoire de Rutshuru pour se rendre à Lubero », a déclaré le responsable administratif. « Ils n’ont plus nulle part où aller, la désolation est totale, la population est fatiguée », a-t-il ajouté.
Un habitant a déclaré à l’AFP que le M23 avait demandé aux habitants de rester à Kanyabayonga, lors d’une réunion au centre-ville organisée samedi par le porte-parole du M23, Willy Ngoma. « Ils arriveront à Kinshasa, jusqu’où allons-nous continuer à fuir ? », a déclaré l’habitant, ajoutant que les rebelles « nous promettent la paix ».
« Nous assistons à un afflux de personnes déplacées de Miriki, Kirumba et Luofu vers le Nord », a déclaré l’administrateur militaire du territoire de Lubero, le colonel Alain Kiwewa. « C’est une situation qui nous inquiète », a-t-il ajouté.
Des sources locales ont indiqué vendredi 28 à l’AFP que les combats entre forces congolaises et rebelles s’intensifiaient autour de la ville.
Les habitants des villes situées à l’extérieur de Kanyabayonga ont également été témoins de combats.
« Toute la nuit, les balles ont retenti », a déclaré un leader de la jeunesse de Kayna, située à environ 17 kilomètres au nord de Kanyabayonga. Le leader de la jeunesse, qui n’a pas voulu donner son nom, a déclaré que ceux qui étaient venus dans la ville en provenance de la région de Kanyabayonga « ont passé la nuit à la belle étoile » et ont eu peur. « On ne sait plus vers quel saint se tourner », dit-il.
A Kirumba, à environ 25 kilomètres de Kanyabayonga, la population est dans un « état de panique », a déclaré un leader de la société civile sous couvert d’anonymat. « On ne peut plus bouger, où va-t-on ? On ne sait pas où aller », raconte l’habitant.
Les affrontements « conduisent au déplacement de civils », a indiqué vendredi le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme dans son rapport mensuel.
« Les organisations humanitaires apportant leur soutien aux personnes déplacées ont suspendu leurs activités pour des raisons de sécurité », a-t-il ajouté.