Une semaine après l’expulsion des médias portugais de Guinée-Bissau, le gouvernement continue sans aucune explication ni information sur les raisons qui ont conduit à cette décision. Plusieurs organisations pour la défense de la liberté de presse et de la protection des journalistes ont publiquement exprimé leur protestation contre la mesure.
Les journalistes sans frontières (RSF), par l’intermédiaire de son directeur de l’Afrique de l’Ouest, Saradou Marong, ont classé ce vendredi (22.08), dans une interview avec DW Africa, l’expulsion d’agences portugaises telles que « une violation du pluralisme et le droit à l’information », attrayant au gouvernement guiné pour « soulever immédiatement la suspension ».
DW Africa: Comment affrontez-vous l’expulsion des médias portugais en Guinée-Bissau?
Travaillé Marong (SM): Notre organisation, journalistes sans frontières, considère la fermeture des délégations de Lusa, RDP et RTP comme un coup dur à la liberté de la presse en Guinée-Bissau. Les autorités ont ordonné la fermeture le 15 août, c’est-à-dire précisément il y a une semaine. Depuis lors, aucune justification officielle n’a été présentée. Tout indique qu’il s’agit d’une mesure arbitraire. Dans les deux cas, il s’agit d’une violation flagrante des droits des citoyens guinéens à l’information. Le RSF exige donc que le gouvernement soulève immédiatement cette suspension, permettant aux professionnels de Lusa, RDP et RTP de reprendre leur travail normalement.
DW Africa: Tout cela se passe un peu plus de trois mois des élections. À votre avis, la couverture indépendante et pluraliste de la campagne électorale et des élections peut-elle être menacée?
SM: En fait, cette fermeture se produit à une phase étroite des élections, ce qui peut indiquer une intention des autorités guinées de restreindre ou d’influencer la couverture médiatique du processus électoral. Nous craignons que les journalistes, même ceux qui restent dans le pays, se sentent de plus en plus pressés et cessent d’exercer leur profession librement et indépendamment. Nous sommes très inquiets, nous avons donc déjà conseillé au gouvernement de Bissau de mettre fin à ce type de pression sur les médias.
DW Africa: La fermeture forcée des bureaux LUSA, RTP et RDP n’est pas un cas isolé. Les radios, les journaux, les téléviseurs et les journalistes sont récurrents ces dernières années. Il y avait même des cas d’agressions physiques contre les journalistes…
SM: Malheureusement, ces dernières années, nous avons regardé plusieurs épisodes de violence physique contre les journalistes en Guinée-Bissau. Nous rappelons à l’attaque armée contre Radio Capital FM, ainsi que des cas de journalistes battus et détenus lors de la couverture des manifestations. Je me souviens en particulier du journaliste Armando Lona, qui a été la cible d’un traitement vraiment dégradant. Plus récemment, nous avons enregistré le coup du correspondant du RDP, Waldir Araújo. Tout cela est profondément malheureux et représente un signe inquiétant pour la sécurité des professionnels des médias dans le pays. Nous exigeons que les autorités blâment les auteurs de ces actes odieux, en veillant à ce que les journalistes puissent exercer leur profession sans crainte de représailles.
