Mahaman Lamine Zeine

La CEDEAO ouverte à négocier le retour de ses membres

L’annonce a été faite dans les trois pays en même temps, à travers la lecture d’une déclaration commune dans les médias d’État. Au Niger, c’est au colonel Amadou Abdourahamane, porte-parole de la junte militaire, d’annoncer la nouvelle au pays.

« Assumant pleinement leurs responsabilités face à l’histoire et répondant aux attentes et préoccupations de leurs populations, les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont décidé, en toute souveraineté, de retirer leurs pays de la Communauté économique des États africains avec effet immédiat.  » il a dit.

Dans le même document, les dirigeants de la junte militaire accusent la CEDEAO, « sous influence étrangère », d’avoir trahi ses « principes fondateurs ».

Au Mali, c’est le Colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du Gouvernement, qui s’est adressé à la nation : « L’organisation n’a pas prêté assistance à nos Etats dans la lutte contre le terrorisme. Pire encore, lorsque nous avons décidé de prendre notre destin en main, la CEDEAO a adopté une position inacceptable en imposant des sanctions illégales, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres statuts.

Les coups d’État survenus dans les trois pays ont conduit à l’imposition de sanctions par la CEDEAO. Au Niger, par exemple, le bloc a menacé de mener une action militaire sur le terrain pour rétablir la démocratie.

La CEDEAO ouverte à « négocier une solution »

Réagissant dans un communiqué à l’annonce de ce dimanche (28.01), la CEDEAO a fait savoir qu’elle était ouverte à « négocier une solution », car, a-t-il ajouté, les trois pays sont « des membres importants de la Communauté ».

L’organisation a toutefois admis qu’elle « reste consciente de la situation et fera de nouvelles déclarations ultérieurement en fonction de l’évolution de la situation ».

La CEDEAO a défendu son travail en affirmant que « conformément aux instructions reçues de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, la Commission de la CEDEAO a travaillé d’arrache-pied avec les pays concernés en vue de rétablir l’ordre constitutionnel ».

Dans les rues de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, les avis des habitants sur la décision des trois pays diffèrent.

Claude Bado, habitant de Ouagadougou dit ce qui suit : « Pour moi, c’est une décision précipitée. Si la CEDEAO avait demandé à ces pays de partir, ce serait une chose, mais partir de leur propre chef est audacieux et n’est pas bon pour les populations. »

Pour Georges Karama, également originaire de Ouagadougou, « c’est une initiative remarquable que la population attendait depuis longtemps. Les principes établis lors de la création de la CEDEAO ne sont plus respectés. Cette décision est à saluer ».

Depuis qu’ils sont gouvernés par une junte militaire, le Burkina Faso, le Mali et le Niger se rapprochent de plus en plus de la Russie et s’éloignent de l’Occident. Récemment, les troupes françaises et la mission de maintien de la paix de l’ONU ont été contraintes d’abandonner le Mali, où la présence du groupe de mercenaires russes Wagner est attestée.