Fraude présidentielle au Cameroun : "C'est dommage !"

Fraude présidentielle au Cameroun : "C’est dommage !"

Plus de huit millions de Camerounais se sont rendus aux urnes ce dimanche (12h10), pour une élection qui devrait ramener Paul Biya, 92 ans, le plus vieux chef d’État du monde, au pouvoir après 43 ans.

Bien qu’ayant remporté toutes les élections des 20 dernières années avec plus de 70% des voix, Biya s’est montré prudent quant au résultat de ce scrutin, appelant au calme jusqu’à l’annonce officielle du nom du candidat élu.

Plus de 55 000 observateurs locaux et internationaux ont été accrédités pour surveiller le vote au Cameroun. Désiré Ngarti, observateur du Tchad, a estimé que le vote s’est déroulé dans le bon ordre : « Le vote s’est bien déroulé, respectant les procédures concernant le matériel et le matériel de vote, l’ouverture des tables et le début du vote. »

Cependant, l’un des 11 candidats de l’opposition, Joshua Osih, a dénoncé des fraudes présumées généralisées : « Nous avons déjà plus d’une centaine de cas de fraude électorale sur tout le territoire qui ont été portés à mon attention ».

« C’est dommage, mais en même temps c’est gratifiant. Cela veut dire que, s’ils ont besoin de tricher, ils comprennent parfaitement que leur candidat n’a pas le soutien du peuple », a-t-il déploré.

Démoralisation de l’électorat

Avec plus de 29 millions d’habitants en 2024, le Cameroun, comme de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, compte une population majoritairement jeune, qui appelle au changement, a révélé le Camerounais Mathieu.

« J’espère que le prochain Président prendra en compte les préoccupations des Camerounais. Aujourd’hui, il est essentiel que les citoyens se réconcilient avec eux-mêmes, avec leur président, avec leur leader », comprend-il.

Le dépouillement des votes a déjà commencé. Le Conseil constitutionnel a jusqu’au 26 octobre pour annoncer les résultats définitifs.

Mais certains craignent que le résultat soit déjà décidé. Marie Flore Mboussi, partisane d’Issa Tchiroma Bakary, s’est inquiétée de l’impartialité des institutions impliquées.

« Nous savons que si Paul Biya gagne, ce sera parce que le Conseil constitutionnel, attaché à sa cause, le dit.

Et ce n’est pas tout, énumère Mboussi : « Il y a aussi certains de ses membres au sein de la Commission électorale qui affichent fièrement leur affiliation au RDPC. Et il y a une disposition dans la loi électorale qui dit que seuls les rapports de la Commission électorale sont authentiques. »

Clément Njinkue (65 ans) est un enseignant à la retraite. Il craint également que les résultats finaux soient truqués, c’est pourquoi il demande aux jeunes de ne pas permettre les fraudes : « Je demande à mes enfants de défendre ce vote. Défendez-le, défendez-le ! »